Malgré l'incertitude politique qui a déferlé sur le pays depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, le goût d'entreprendre se maintient en France même s'il donne quelques signes d'essoufflement. Avec 94.287 inscriptions en novembre 2024, le nombre total de nouvelles entreprises a progressé de 5,7 % sur un mois, selon les données publiées vendredi par l'Insee. Au cours des trois derniers mois, elles fléchissent toutefois de 2,1 % comparé à la même période de 2023, en raison d'un net recul des créations dans les secteurs de la construction, en grande difficulté (-4.600), et du « soutien aux entreprises ».
Malgré tout, le record, atteint en 2022 où 1,08 million d'immatriculations avaient été enregistrées, semble bien parti pour être battu cette année. Sur onze mois, près de 1,03 million d'entreprises nouvelles - dont près de 665.800 microentreprises - ont vu le jour. Calculées sur un an glissant, elles augmentent de 5,5 %, tirées par la microentreprise (+7,3 %). Les inscriptions sous ce régime représentent désormais plus de 64 % du total.Les microentreprises ont le vent en poupe
« Paradoxalement, la crise amplifie le succès du statut d'autoentrepreneur », assure François Hurel, le président de l'Union des autoentrepreneurs (UAE). Les créations de sociétés progressent, elles aussi, de 4,2 %. En revanche, le statut d'entreprises individuelles classiques attire moins (-2,4 %). Conséquence de la dynamique positive de la création d'entreprise, l'économie française a créé quelque 20.000 emplois non salariés chaque trimestre cette année, selon l'Insee.En parallèle, les défaillances d'entreprises continuent, elles aussi, à augmenter. Sur un an glissant, 64.909 procédures collectives ont été ouvertes, un chiffre en progression de 18 %, selon les statistiques de la Banque de France à fin novembre. D'ores et déjà, 2024 s'avère donc une année noire avec un nombre de défaillances proche de celui observé en 2009 au plus fort de la crise financière.Risque d'effet domino
L'envolée des créations d'entreprises au cours des dernières années contribue certes à nourrir le mouvement. Mais phénomène inquiétant, l'hécatombe se poursuit chez les grosses PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI), faisant planer le risque d'un effet domino sur les fournisseurs et les sous-traitants. Ce haut niveau de sinistralité chez des entreprises de taille relativement importante fait craindre des destructions massives d'emplois dans les prochains mois.Si la hausse des défaillances s'explique toujours par un effet de rattrapage post-Covid, elle reflète aussi une économie française déprimée, plongée dans un brouillard politico-fiscal depuis près de six mois. La vague se nourrit aussi des difficultés sectorielles dans la construction, l'immobilier, le transport, etc. et des tensions sur les trésoreries. Une situation qui fait craindre une nouvelle augmentation des dépôts de bilan, au moins sur la première partie de l'année prochaine.