Rarement une technologie n'a autant fasciné que l'intelligence artificielle générative. C'est vrai dans la Silicon Valley, terre de naissance d'OpenAI, mais aussi dans la French Tech, où le sujet est sur les lèvres de tous les dirigeants et investisseurs depuis deux ans. « Il y a un véritable enthousiasme. Tout le monde sent le potentiel que cette technologie peut avoir. Mais, derrière, le passage à l'action est plus difficile », observe Elodie Lachoua, qui a réalisé une étude pour Mozza afin de comprendre comment l'IA générative est adoptée dans l'écosystème tricolore.Pour cela, le cabinet de conseil spécialisé dans le produit a recueilli des données et témoignages inédits auprès de 80 sociétés plutôt matures, dont 40 % sont membres du Next40 et du FT120, deux indices créés par Bercy. « J'ai interviewé les gens qui avaient vraiment les mains dedans », insiste l'experte. L'idée était de connaître leurs pratiques et d'en tirer des premiers enseignements à partager auprès du grand public.Une des principales conclusions est qu'il reste plusieurs freins à lever pour aider les start-up à sauter dans le train de l'IA. A ce stade, 37 % seulement des jeunes pousses interrogées ont véritablement intégré cette technologie dans leurs opérations, ce qui témoigne d'un écart significatif entre leur conscience du caractère crucial de cette technologie (96 %) et son adoption concrète.

Manque de compétences

Parmi les obstacles cités par les entreprises, il y a le manque de compétences en interne, la difficulté à identifier les bons cas d'usage, le manque de budget ou les problèmes liés à la sécurisation des données. La gouvernance est un autre point de blocage important. Pour un tiers des entreprises interrogées, il n'existe pas un responsable identifié pour la gestion centralisée des initiatives dans IA. Ce qui empêche de fixer un cap clair, même si le déploiement doit, ensuite, passer par une approche décentralisée afin de laisser les services s'emparer librement de la technologie.Bien sûr, toutes les sociétés ne sont pas logées à la même enseigne : 93 % des scale-up (plus de 250 salariés) ont adopté l'IA générative, contre 67 % pour les petites entreprises (moins de 50 salariés). De la même façon, certains secteurs (fintech, edtech, santé) jugent cette technologie plus stratégique que d'autres.Elodie Lachoua recommande, en tout cas, de multiplier les expérimentations, en commençant par des petits projets. Une façon de mieux identifier les domaines dans lesquels l'IA générative peut se révéler pertinente. Une fois les idées au clair, une montée en puissance peut s'opérer plus facilement. « Il faut concevoir le produit de telle façon qu'il puisse évoluer très rapidement », poursuit l'ancienne cheffe de produit d'Ornikar. Le risque est, en effet, de devenir prisonnier de choix passés si le produit est trop rigide ou si des innovations surgissent et rebattent les cartes.

Des gains de temps et de productivité

Une chose est sûre : 36 % des entreprises ayant intégré l'IA générative dans leurs produits et services constatent déjà un impact positif sur leur activité, avec notamment des gains de temps et de productivité et une meilleure expérience utilisateur. Par ailleurs, l'étude révèle que 60 % des sociétés utilisent cette technologie pour personnaliser et améliorer l'expérience client.Pour donner des exemples concrets, un focus détaillé sur six start-up phares de la French Tech (PayFit, Alan, Ankorstore, Agicap, Doctrine et 360Learning) a été réalisé. « Nous voulions montrer des boîtes qui n'étaient pas 'IA natives' et qui ont choisi d'intégrer de l'IA dans leurs services », précise Elodie Lachoua. L'étude explique quels objectifs ces sociétés s'étaient fixés, la méthode qu'elles ont suivie et les premiers résultats qu'elles ont obtenus. Un guide de bonnes pratiques très utile pour les autres start-up qui veulent se jeter à l'eau, sans savoir par quoi commencer.