La création d'entreprises en France reste au beau fixe. Selon les statistiques publiées mercredi par l'Insee, 576.880 nouvelles sociétés ont vu le jour au premier semestre 2024, soit près de 56.800 de plus qu'en 2023 sur la même période. Alors que l'an dernier, sur la même période, la dynamique avait fléchi, les nouvelles inscriptions se rapprochent des sommets atteints au premier semestre 2021 (585.000) au moment de la levée des restrictions sanitaires liées à la crise du Covid-19.

Sur douze mois glissants, le nombre total d'entreprises créées progresse de 6,1 %, mais la hausse est plus forte au cours des trois derniers mois, où elle atteint 9,3 % par rapport à la même période en 2023. Une poussée à mettre surtout au crédit des créations d'entreprises sous régime de microentrepreneur (+12,5 %). A mi-année, elles représentent ainsi 64 % des sociétés nouvelles. Les créations sous forme de société ont, elles, crû deux fois moins vite (+6,2 %), et les créations d'entreprises individuelles classiques sont quasi stables (+0,9 %).

Un ralentissement au mois de juin

Le manque de tonus de l'activité économique dans l'Hexagone ne semble pas avoir freiné les entrepreneurs. Sur la période, la hausse concerne tous les secteurs, sauf les activités immobilières en recul de près de 8 %, victimes des taux d'intérêt élevés. La palme des créations revient aux services de transport et d'entreposage, qui comprend les services de livraison à domicile. Reflet de la dynamique créée autour de la réindustrialisation du pays, le nombre de nouvelles entreprises industrielles a aussi augmenté de 15 %.

Juin marque toutefois un ralentissement. Le nombre total de créations d'entreprises toutes catégories confondues se replie de 0,7 % après un bond de 3,3 % en mai, indique l'Institut de la statistique. Si l'instabilité politique créée par l'annonce de la dissolution le 9 juin a sans doute pesé, ce coup de mou pourrait aussi s'expliquer par les modalités de calcul de l'aide à la création ou à la reprise d'entreprise (Acre) qui favorisent les inscriptions en début de trimestre.

Ce vent toujours positif sur les créations d'entreprises confirme en tout cas une nouvelle relation au travail. « De plus en plus, l'autoentreprenariat s'inscrit dans la logique professionnelle », se félicite François Hurel, le président de l'Union des autoentrepreneurs.

En majorité des anciens salariés du privé

Selon une autre enquête publiée mercredi par l'Insee, portant sur des données datant de 2022, 52 % des créateurs d'entreprises au premier semestre de cette année-là étaient en emploi avant de monter leur société. Le profil le plus fréquent étant celui d'anciens salariés du privé (29 %) suivis des indépendants. Un quart des créateurs étaient au chômage, dont 16 % depuis moins d'un an.L'étude montre que créer son entreprise ne suffit pas toujours pour boucler ses fins de mois. Plus d'un tiers des créateurs exerçaient en parallèle une autre activité rémunérée pour compléter leurs revenus, une situation plus courante encore chez les microentrepreneurs, 47 % y voyant une activité de complément. Le ticket d'entrée est souvent faible. Selon l'Insee, plus de la moitié des projets démarrent avec un investissement inférieur à 1.000 euros.

Pour autant, au moment où les défaillances d'entreprises rebondissent dans l'Hexagone, les jeunes sociétés affichent désormais une bonne résistance. Au premier semestre, « à peine plus d'une entreprise défaillante sur dix a été créée il y a moins de trois ans », relève le cabinet Altares.