Son profil le distingue de ses prédécesseurs, mais pas son cahier revendicatif. Lors de sa première conférence de presse jeudi, Amir Reza-Tofighi, le nouveau président de la CPME, n'est pas sorti des sentiers battus.Le successeur de François Asselin à la tête de la Confédération des PME a beaucoup insisté sur
« la situation économique dégradée » avec de
« belles, [de]
grosses entreprises en défaillance » et un investissement en berne. S'il a reconnu la nécessité d'avoir
« en urgence » un budget, il a alerté sur la dette publique qui devient
« un délire » et prévenu qu'il serait
« suicidaire » de revenir sur la politique de l'offre.
« Si on a un budget qui fait que, pour des raisons de compromis politique, ce sont les entreprises qui payent », la situation économique
« sera pire en 2025 », a-t-il affirmé.
« Un peu rassuré » par le ministre de l'Economie
Il s'est dit « un peu rassuré » par les paroles du ministre de l'Economie et des Finances Eric Lombard, qui affiche, dans une interview aux « Echos » une ligne pro-entreprises. Mais il a condamné les économies prévues sur les allégements de charges envisagés. Une telle mesure ne s'inscrit pas dans la logique du rapport commandé par le gouvernement aux économistes Antoine Bozio et Etienne Wassmer.
Il a en revanche affirmé que la CPME est prête
« à revoir le système […],
pour contrer ses effets négatifs », ce que ne fait pas la mesure annoncée qui est
« purement budgétaire ». Amir Reza-Tofighi a aussi critiqué le projet d'intégration de la prime de partage de la valeur (PPV) dans le calcul des allégements, conduisant à les minorer. Le sujet est d'autant plus sensible pour les PME qu'à partir de cette année, les employeurs de 11 à 49 salariés vont devoir faire bénéficier leurs salariés d'un dispositif de partage de la valeur et devraient largement se tourner vers la « prime Macron », comme on l'appelle communément.
Surcoût pour les entreprises
Le président de la CPME a également critiqué la piste d'un allongement de la durée de travail de 7 heures par an, dénonçant un surcoût pour les entreprises car au final, ce sont elles qui devront verser plus à l'Etat sans que ces heures de travail supplémentaires n'engendrent forcément de recettes supplémentaires.Il s'est aussi déclaré prêt à discuter « usure au travail » mais sans aller
« sur des solutions qui vont coûter de l'argent ». Alors que certains au gouvernement évoquent une réforme de la gouvernance du système de retraite, le dirigeant patronal, « partisan du paritarisme », a pris en exemple les régimes complémentaires de retraite Agirc-Arrco et plaidé pour qu'ils soient confiés aux partenaires sociaux, mais en les soumettant à la règle de « zéro déficit ».Amir Reza-Tofighi a par ailleurs repris le credo de la CPME sur la simplification, insistant sur la nécessité de relever le seuil social actuel de 50 salariés à 100 salariés. Plus globalement, il verrait bien le Code du travail réduit à
« une seule page », liberté totale étant donnée aux employeurs de conclure un contrat de travail de gré à gré avec chaque salarié.