Des directrices de laboratoires de recherche, des dirigeantes de start-up, des investisseuses et même Clara Chappaz (en vidéo), la ministre déléguée de l'IA et du Numérique. Le 8 janvier, l'ONG Women in AI a mis les petits plats dans les grands lors d'un événement organisé au siège parisien de Meta dédié à la place des femmes dans l'intelligence artificielle.

L'occasion de rappeler l'importance de la mixité dans le développement de cette technologie qui connaît un essor spectaculaire mais est aussi pointée du doigt en raison de ses biais de genre. Cela faisait des semaines que Léa El Samarji, présidente de Women in AI France et directrice de l'IA chez Avanade, préparait ce raout, qui intervient à quelques semaines du Sommet international de l'IA organisé à Paris les 10 et 11 février .

Former à des nouveaux métiers

A ses yeux, il est pressant de changer de tempo. Car l'IA bouscule tous les secteurs d'activité et les femmes ne peuvent pas se payer le luxe de passer à côté. Women in AI agit à plusieurs niveaux. « Nous oeuvrons à la prise de conscience des opportunités dans le secteur, faisons des recommandations ou orientons les femmes vers des formations spécialisées », explique Léa El Samarji. Le manque de femmes dans l'IA prend sa source très tôt. Dans les filières scientifiques (universités, écoles d'ingénieurs, etc.), les femmes sont déjà sous-représentées. Léa El Samarji confie en avoir souffert lors de son parcours, ce qui, aujourd'hui, est l'un des moteurs de son engagement.Mais d'autres facteurs entrent en jeu. « C'est souvent moins un problème de compétences que de confiance en soi », estime la présidente. C'est pourquoi son ONG développe du mentorat avec des entreprises partenaires afin de féminiser les profils dans l'IA. « Notre cible, ce sont les femmes qui sont déjà sur le marché du travail mais ne travaillent pas forcément déjà dans la tech. »Depuis deux ans, une branche de la famille de l'IA a connu un essor spectaculaire : l'IA générative. Cette dernière permet de générer du texte, des images ou des vidéos en réponse à des requêtes. Cette technologie change la donne, puisqu'elle ne nécessite pas des compétences techniques poussées pour y briller. « Cela ouvre des opportunités de dingue pour les femmes », se réjouit Léa El Samarji.Ces dernières années, d'autres organismes féministes se sont développés dans les technologies clés pour l'avenir. L'une des plus actives est Women4Cyber, une fondation européenne qui a antenne dans l'Hexagone dirigée par Valéria Faure-Muntian. Cette ancienne députée macroniste se réjouit que les lignes bougent enfin dans la cyber. « Il y a une prise de conscience que les équipes plus inclusives et paritaires sont plus performantes », observe-t-elle. Mais, au-delà du constat, recruter des femmes restent très difficile. En outre, celles qui sautent le pas ne restent pas longtemps. « Près de la moitié des femmes quittent la cyber au bout de trois ans », déplore cette native d'Ukraine qui a immigré en France à l'adolescence.

Les hommes bienvenus

Comme beaucoup d'associations ou d'ONG dans la tech, Women in AI et Women4Cyber reposent sur des dons, cotisations ou subventions, ainsi que la mobilisation de bénévoles. « Réduire le 'gender gap' dans IA est ma principale mission au sein de Women In AI. Etre entourée de femmes aussi inspirantes me motive et ne fait que renforcer ma conviction que je suis à la bonne place », souligne Ania Kaci, une docteure en IA qui travaille chez Schneider Electric.Au-delà de prêcher la bonne parole, faire partie de ces organismes permet d'enrichir son réseau. A la fin de l'événement chez Meta, un cocktail permettait d'échanger des cartes de visite… Dans ces organismes, les hommes sont, à chaque fois, les bienvenus. Mais les candidats ne se bousculent pas. « J'en cherche, mais je n'en trouve pas », regrette Léa El Samarji, qui s'appuie sur une équipe d'une dizaine de femmes.Women4Cyber, a, elle, plusieurs hommes qui siègent au sein de son conseil d'administration. « Ce n'est pas une histoire de femmes pour les femmes. Cela doit être un projet collectif », pointe Valéria Faure-Muntian.