Fin juillet 2023 : la Banque de France constate que l'augmentation du nombre de défaillances d'entreprises cumulé sur 12 mois se poursuit : près de 49 863 procédures collectives ouvertes sur un an, contre 34 983 un an plus tôt. Selon les économistes, ce nombre est sur le point de dépasser celui d'avant-covid.

Quels sont les facteurs de défaillance ? Quels secteurs d'activité sont les plus touchés par la crise ? Le niveau de fragilité est-il identique en microentreprise, TPE et PME ? On vous explique.

Les facteurs de défaillance

Plusieurs facteurs se combinent, augurant d'une situation de tension économique au sein de certaines entreprises.

L'effet de rattrapage post-covid est la première explication avancée par les économistes. C'est d'ailleurs pourquoi les chiffres de 2023 sont mis en balance avec ceux de 2019 (51 145 défaillances). La crise sanitaire avait en effet eu des conséquences à deux égards en matière de défaillances : les entreprises bénéficiaient d'aides financières, et l'activité des tribunaux était au ralenti. De fait, les chiffres étaient relativement trompeurs. Avec la fin des aides, et la reprise des assignements en recouvrement par l'Urssaf, le nombre de redressements croît.

Les entreprises dont l'activité avait été impactée à la baisse par la crise Covid sont en difficulté. Les jeunes entreprises, créées post-covid, ne sont pas concernées.

Le contexte sociétal et géopolitique est également en cause. Taux d'intérêts, prix de l'énergie, coût des matières premières, montant des salaires : de nombreux postes augmentent, et la marge des entreprises décroît en conséquence. La situation est d'autant plus tendue que l'activité économique est morose. Dans le contexte d'inflation, en effet, le niveau de consommation des ménages est en baisse.

La trésorerie de certaines entreprises est fragilisée, à moins d'avoir agi en amont pour éviter les difficultés financières. Des spécialistes s'accordent à dire que 2023 marquera le retour des défaillances à son niveau de 2019, voire au-delà.

Secteur d'activité et taille d'entreprise : que révèlent les chiffres ?

Tous les secteurs d'activité et toutes les tailles d'entreprise sont concernés par la crise. Les chiffres toutefois marquent deux faits notables :

Tous effectifs confondus, le secteur de l'hébergement et de la restauration subit la plus forte augmentation annuelle de défaillances d'entreprises : +69,7% de plus entre juillet 2022 et juillet 2023 selon la Banque de France. Le bâtiment est également touché (10 109 défaillances en un an en juillet 2023) tout le commerce et réparation automobile (10 939 défaillances sur un an en juillet 2023).

Tous secteurs d'activité confondus, les micro-entreprises résistent le mieux dans le contexte actuel.
Le rapport BPCE L'Observatoire, en outre, met en relief un constat intéressant :

Les PME sont particulièrement touchées dans les secteurs de l'hébergement et de la restauration, du bâtiment, de l'immobilier et des activités récréatives, alors que les plus petites entreprises de ces secteurs sont relativement épargnées.

Les TPE sont particulièrement fragilisées dans les secteurs des finances et des assurances, des activités de soins et de beauté, tandis que les PME de ces secteurs résistent.

Quelles sont les perspectives pour 2024 ?

Les avis divergent sur les perspectives pour 2024. Quand certains experts prévoient une « année noire », d'autres s'accordent à penser que le nombre de défaillances poursuivra son augmentation dans des proportions maîtrisables.