L'année 2024 aura été animée dans l'univers des réseaux sociaux. Si certains géants s'inquiètent pour l'avenir, d'autres nouveaux arrivants aimeraient se faire une place au soleil. L'année aura aussi été marquée par des ennuis judiciaires pour les plateformes, comme la suspension temporaire de X au Brésil. En Australie, le Parlement, lui, a adopté une mesure radicale : les adolescents de moins de 16 ans vont tout bonnement être exclus des réseaux sociaux.
TikTok, la grande incertitude
Interdira, interdira pas ? C'est la grande menace qui plane au-dessus de TikTok. En avril, Joe Biden a promulgué une loi qui donnait 9 mois à la maison mère chinoise ByteDance pour vendre sa plateforme, sous peine de suspension aux Etats-Unis. Une question de sécurité nationale pour Washington, qui accuse Pékin de collecter des données sur les utilisateurs américains. La Cour suprême, saisie par TikTok pour qu'elle empêche l'application de la loi, a accepté d'examiner le texte en janvier.
L'Union européenne, de son côté, a multiplié les enquêtes contre le réseau social préféré des ados. Les 27 l'accusent de ne pas assez protéger ses utilisateurs mineurs, mais aussi de ne pas avoir lutté suffisamment contre l'ingérence étrangère sur sa plateforme lors des présidentielles en Roumanie.Pour résoudre ses problèmes aux Etats-Unis, la rencontre il y a quelques jours entre le patron de TikTok Shou Zi Chew et Donald Trump sera peut-être décisive. Le président élu, qui voulait bannir la plateforme lors de son premier mandat, semble désormais acquis à sa cause. Mais il ne pourra sans doute pas faire grand-chose en Albanie, où le réseau social vient d'être banni.
Les « bad buzz » de X
L'année aura décidément été agitée pour X. Le réseau social a tout d'abord achevé sa transformation : après un changement de nom et de logo en 2023, l'ancienne application à l'oiseau bleu a effacé les dernières traces de Twitter en changeant d'URL. Mais le rachat par Elon Musk a aussi des conséquences économiques pour le réseau social : sa valorisation s'est effondrée, tandis que les annonceurs coupent de plus en plus leurs dépenses publicitaires sur X. Au grand dam du milliardaire, qui a décidé « d'entrer en guerre » contre ceux qu'il accuse de boycott. Une plainte a même été déposée par X contre un groupement d'annonceurs.
L'automne a été tout aussi chargé, avec une suspension temporaire du réseau social au Brésil pour ne pas avoir banni certains comptes d'extrême droite. Et si l'élection américaine de novembre a été un temps fort pour la plateforme, elle a aussi entraîné un exode de certains utilisateurs, déçus du manque de modération contre les messages haineux et la désinformation, vers des plateformes concurrentes. De nombreux médias leur ont emboîté le pas, à l'image de « Ouest-France » et « Mediapart ».
Un nouvel élan pour Threads
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Lancé par Meta en 2023 comme un concurrent au réseau social détenu par Elon Musk, Threads a connu des débuts prometteurs. Si son nombre d'utilisateurs s'était peu à peu stabilisé, les élections américaines ont changé la donne. Le scrutin a précipité le départ des déçus de X vers d'autres plateformes, dont Threads, qui a comptabilisé plus de 15 millions de nouvelles inscriptions en novembre. En juillet, un an après son lancement aux Etats-Unis, le réseau social de Meta comptait 175 millions d'utilisateurs mensuels. Il a dépassé il y a quelques jours la barre des 300 millions. Le patron de Meta, Mark Zuckerberg, rêve même du milliard d'utilisateurs.Mais cette croissance rapide est également accompagnée de défis pour le réseau social, encore jeune. Les usagers de Threads se sont par exemple plaints de problèmes de modération, avec des suppressions de comptes et de publications jugées « injustifiées ». Adam Mosseri, le directeur de la plateforme, a affirmé que ses équipes « [se penchent] sur la question ».Bluesky, le petit poucet
2024 aura été une année charnière pour le réseau social. Créée en 2019 comme un spin-off de Twitter sous l'impulsion de l'ancien PDG Jack Dorsey, la plateforme de microblogging était restée jusqu'ici assez confidentielle. Comme Threads, elle bénéficie depuis la fin de l'année d'un exode de certains utilisateurs de X.Depuis début novembre, elle a gagné 11 millions d'utilisateurs et en affiche désormais 25 millions. Un chiffre encore minime par rapport à Threads ou X, qui revendiquait début octobre près de 550 millions d'usagers actifs mensuels. Mais Bluesky attire de nombreuses personnalités publiques, comme l'élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, et des médias - « Les Echos », par exemple, ont leur propre compte. Pour espérer prétendre rivaliser avec les plus grands, Bluesky devra notamment accélérer sur la modération : le réseau social a d'ores et déjà annoncé vouloir quadrupler l'équipe chargée du sujet pour arriver à 100 personnes.
Snapchat, cap sur la vidéo
Le réseau social prisé par la génération Z cherche à se renouveler. Après un deuxième trimestre en demi-teinte, Snapchat a annoncé en octobre pour le troisième trimestre de meilleurs résultats, avec 443 millions d'utilisateurs quotidiens (dont 21 millions en France). La plateforme a également annoncé la sortie d'une nouvelle version simplifiée de son application en 2025. Ce Snapchat plus « simple » repose, selon Ceci Mourkogiannis, vice-présidente produit, sur trois piliers : « discuter, faire des 'snaps' et regarder des vidéos divertissantes ». Un flux vidéo sera ainsi proposé sur l'interface. Pour attirer davantage de créateurs de contenu sur la plateforme, Snap a aussi indiqué qu'il prévoit d'étendre son programme de monétisation aux vidéos plus longues. Le virage vidéo de la plateforme, qui a été copiée par le passé pour son format de « stories », semble cette fois être inspiré de TikTok, son grand concurrent.