Début d'année morose, sans miracle, pour le bâtiment. Entre crise de la construction neuve et coup de frein attendu dans l'entretien-rénovation, le secteur a été de nouveau à la peine au premier trimestre.

Alors que les dernières statistiques du ministère de la Transition écologique sur le logement neuf viennent de confirmer l'effondrement de la production, avec une chute de 20,1 % du nombre de mises en chantier au cours des trois premiers mois de l'année par rapport au premier trimestre 2023 (-23,3 % sur douze mois), diverses notes de conjoncture complètent le tableau.Selon un document interne de la Fédération française du bâtiment (FFB), établi à la fin avril, la tendance reste nettement négative pour la construction d'édifices non résidentiels : tous segments confondus, le total des surfaces commencées a fléchi de 8,8 % au premier trimestre par rapport à la même période de 2023.

Reprise de la commande publique

La note de la FFB relève toutefois une amélioration en termes de surfaces autorisées, la baisse étant ramenée à -4 %. Par ailleurs, la reprise de la commande publique, déjà soulignée en décembre par la fédération, se confirme, au vu d'une hausse de 6,6 %. Celle-ci s'expliquerait par les investissements des municipalités, à deux ans de la fin de la mandature.Simultanément, l'activité fléchit dans la rénovation, avec un taux de croissance de 1,5 % désormais en glissement annuel, soit deux fois moins qu'au troisième trimestre 2023. Ce fléchissement tient au coup de mou de la rénovation thermique du logement : +0,4 %, à comparer à une estimation de +2,3 % pour l'ensemble de 2023.

Celui-ci était attendu par les professionnels du fait de la réorientation, décidée à l'automne par le gouvernement Borne et mise en oeuvre à compter du 1er janvier, de MaPrimeRénov' en faveur des travaux de rénovation globale, au détriment des « gestes simples ».

Le constat de la FFB est corroboré par la Capeb, la confédération des artisans du bâtiment, laquelle pointe « la perte de vitesse de la croissance des travaux de performance énergétique ». Selon sa dernière note de conjoncture réalisée par Xerfi, la hausse d'activité n'est plus que de 0,5 % au premier trimestre 2024, soit 1 point de moins par rapport au quatrième trimestre 2023.En conséquence, alors que le marché immobilier demeure peu porteur, les travaux d'entretien et d'amélioration, qui alimentent la majorité de l'activité des artisans du bâtiment (environ 60 % bon an mal an, selon la Capeb), sont en retrait pour la première fois depuis la crise sanitaire de -0,5 % en glissement annuel.Dans ce contexte, la confédération des artisans salue, à nouveau, le retour en arrière du gouvernement Attal sur MaPrimeRénov' avec la suspension, jusqu'à la fin de l'année, des restrictions décidées à l'automne. A compter du 15 mai, il redeviendra ainsi possible de la solliciter pour des travaux simples, et il ne sera plus obligatoire de les associer à un changement de chauffage.D'une manière générale, la dernière note de conjoncture de la Capeb constate un recul de l'activité des artisans de 1,5 % en volume au cours des trois premiers mois par rapport à la même période de 2023, une tendance en ligne avec celle du quatrième trimestre dernier.

A noter : si elle perdure, la crise de la construction neuve paraît s'atténuer avec l'amélioration d'un point de la baisse d'activité entre le quatrième trimestre 2023 et le premier trimestre 2024, à -3,5 %. Pour autant, faute de reprise du marché, l'opinion des artisans et entreprises artisanales sur leur carnet de commandes en construction neuve n'en reste pas moins très dégradée.

Le « solde d'opinion » est négatif de 16 points, contre -4 points pour l'entretien-amélioration. En clair, l'horizon est loin de se dégager pour les artisans comme pour l'ensemble du secteur du bâtiment au demeurant.Dans sa dernière enquête mensuelle de conjoncture, qui s'appuie sur un sondage auprès de chefs d'entreprise, l'Insee indique qu'en avril, « le climat des affaires » du bâtiment s'est assombri.