Après son passage par l'Assemblée et le Sénat, le projet de budget doit, en effet, être examiné par une commission mixte paritaire, rassemblant des parlementaires des deux chambres, avec l'idée de trouver un compromis sur l'ensemble du texte. Les négociations devraient s'attarder sur cette baisse des allègements de charges, voulue par l'exécutif pour renflouer le déficit de la Sécurité sociale.
Les sénateurs sont favorables à un coup de rabot sur ces exonérations, vues comme un manque à gagner considérable pour la Sécurité sociale. Du côté des députés, les macronistes, alliés clés du gouvernement, sont vent debout contre une baisse perçue comme une remise en cause de la politique menée ces dernières années en faveur des entreprises. Et le Medef a accru la pression ce week-end, via une vaste campagne de publicité, rappelant que « 20 milliards d'euros d'impôts et de charges en plus pour les entreprises, c'est l'équivalent du salaire chargé de 400.000 emplois ».Alertes des entreprises
Confronté à une conjoncture qui se dégrade et aux alertes des entreprises, l'exécutif s'est montré prêt à mettre de l'eau dans son vin par rapport à son projet initial, censé dégager 4 milliards d'euros pour la Sécurité sociale. Il a ainsi clairement signifié qu'il ne souhaitait plus toucher aux allègements de charges accordés sur les salaires au SMIC ou proches de ce niveau.
L'avenir des allègements de charges sur les salaires plus élevés reste cependant incertain. Au Sénat, l'exécutif a donné son feu vert à un coup de rabot sur ces exonérations, permettant de dégager 3 milliards d'euros l'an prochain. Le gouvernement avait auparavant tendu la main aux macronistes en proposant un coup de canif moins mordant, quitte à faire une croix sur près de 2 milliards d'euros de recettes, sur les 4 milliards envisagés.Les discussions de la commission mixte paritaire sur ce sujet seront clés pour l'avenir du plan de redressement des finances publiques de l'exécutif. La réforme des allègements de charges était l'une des principales mesures mises sur la table par l'exécutif pour tenter de résorber - à la marge - le déficit de la Sécurité sociale. L'autre, le gel des retraites pendant six mois, risque de ne générer finalement que des économies limitées. Comme souhaité par la droite, les sénateurs ont convenu d'épargner les retraités les plus modestes, validant le principe d'une sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation pour les retraités plus aisés.Parmi les autres sujets importants pour les entreprises qui devraient être débattus au sein de la commission mixte paritaire, figure l'allongement de la durée du travail de 7 heures voté par les sénateurs pour renflouer les caisses de la Sécurité sociale. Le gouvernement s'est montré très réservé sur cette idée.Si le Sénat a renforcé les taxes sur le tabac ou encore les boissons pleines de sucres ou d'édulcorants, cette « contribution de solidarité par le travail » est cependant la principale piste identifiée par les sénateurs pour dégager des recettes significatives pour la « Sécu ».
Elle serait donc susceptible de compenser - en partie - les concessions nombreuses faites par l'exécutif sur d'autres sujets. Les sénateurs ont notamment aussi obtenu une hausse des moyens de la politique en faveur des personnes âgées, avec une nouvelle aide exceptionnelle de 100 millions d'euros accordée en faveur des Ehpad ou encore une enveloppe de 200 millions pour les aides des départements au profit des personnes âgées et handicapées.