« Pour qu'un chef d'entreprise dorme bien, il faut que ses carnets de commande soient bien garnis, que sa situation de trésorerie soit positive et que l'ambiance dans sa société soit bonne », rappelle François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). A lire les résultats de la dernière enquête de l'organisation patronale dévoilée en exclusivité par « Les Echos », beaucoup de dirigeants de PME et TPE doivent de nouveau souffrir d'insomnies.

A la question « quel est votre sujet prioritaire pour cette fin d'année », 47 % des patrons sondés entre le 9 novembre et le 4 décembre 2023 ont répondu « l'évolution de l'activité », un pourcentage qui reflète la dégradation de la conjoncture. « L'inflation » est désormais reléguée loin derrière (28 %) suivie à égalité par « le recrutement » et « la hausse des salaires » (24 %). Un tiers d'entre eux estiment désormais que la situation de leur entreprise s'est dégradée, alors qu'ils n'étaient que 27 % dans ce cas en avril.

Arrêts d'activité envisagés

Face au ralentissement économique en France et dans la zone euro, le premier partenaire commercial de l'Hexagone, maintenir le chiffre d'affaires est redevenu un enjeu crucial pour les dirigeants : 35 % d'entre eux (+ 6 points par rapport à avril) estiment qu'il reculera au second semestre. « 2024 sera une année compliquée pour les entreprises », prévient déjà François Asselin. Sachant que les coûts continuent d'augmenter pour toutes les entreprises ou presque. La moitié d'entre elles peinent à absorber le renchérissement des prix de l'énergie, 7 % envisagent même de cesser leur activité si les cours ne baissent pas.

« Les plus touchés sont ceux qui ont renouvelé leurs contrats lorsque les prix étaient au plus haut », explique François Asselin, qui pointe le risque d'« un mouvement à bas bruit de projets qui pourraient partir aux Etats-Unis où l'énergie est moins chère ». Pour les PME et TPE, le sujet est en effet loin d'être clos. Les deux tiers estiment que la question du prix et de la disponibilité de l'énergie se posera à nouveau cet hiver.

Demandes de crédit refusées

Les temps étant plus difficiles, une partie des patrons (31 %) ne répercutent pas l'envolée de leurs charges dans leurs prix de vente, et plus des deux tiers se disent sous pression de leurs clients pour baisser leurs tarifs tout en subissant des hausses de la part de leurs fournisseurs.

La moitié des PME et TPE font état d'une baisse de leur taux de marge par rapport à 2019. « Les attentes des salariés en matière de revalorisations salariales risquent de se heurter à la difficulté des affaires », prévient François Asselin. Les entreprises vont également être plus prudentes dans leurs embauches, sans que cela conduise pour autant, selon le président de la CPME, à un effondrement du marché de l'emploi.

Car en parallèle, les échéances de remboursement des prêts garantis par l'Etat (PGE) accordés pendant l'épidémie de Covid doivent aussi être honorées. Pris en tenaille entre une conjoncture morose et la hausse de leurs charges, 28 % des patrons disent avoir de plus en plus de difficultés à rembourser. La conséquence, c'est que les situations de trésorerie se tendent pour 42 % des PME et TPE.Les défaillances sont également reparties à la hausse. Ces derniers mois, l'accès au crédit s'est durci. Selon l'enquête, 10 % des dirigeants se sont vu signifier par leur établissement bancaire qu'il était inutile qu'ils déposent une demande de crédit : elle ne serait pas acceptée. Au-delà, la moitié des demandes de financement de trésorerie et plus d'un quart des demandes de financement d'investissement ont essuyé un refus.