Les citoyens ne sont pas les seuls à être concernés par les élections européennes. Les entreprises le sont aussi. Pour apporter sa pierre au débat, la Direction générale des entreprises (DGE) du ministère de l'Economie a lancé, fin 2023, une vaste consultation en ligne afin de recueillir « les attentes, les préoccupations et les propositions » des milieux économiques, tous secteurs confondus, vis-à-vis des politiques européennes.Quatre-vingt-six firmes françaises, de toutes tailles, et 51 fédérations professionnelles ont répondu. Et plus de 1.300 contributions ont été recueillies.Celles-ci montrent à la fois une conscience des enjeux des politiques communautaires mais une relative ignorance de leurs contenus et de leur effet concret. Près des trois quarts des répondants estiment avoir un niveau de connaissance des enjeux européens « faible » ou « modéré ». Et même si une bonne partie d'entre eux a déjà postulé à un de ses programmes, moins d'un sur trois déclare maîtriser les politiques communautaires.

Un système à deux vitesses

Preuve de leur volonté de mieux comprendre, 59 % des répondants disent vouloir « être mieux associés à la conception des politiques publiques au niveau européen ». Et pour cause. Au vu des réponses, la demande d'Europe est forte : les trois quarts des acteurs qui se sont exprimés attendent d'elle qu'elle les accompagne et les protège en assurant l'autonomie stratégique et le leadership technologique de l'Union européenne.

Près des deux tiers souhaitent aussi qu'elle les aide à relever le défi de la transition vers« une économie circulaire, sobre et décarbonée ». « Il s'agit de la priorité pour laquelle les répondants ont déposé le plus d'idées », souligne la DGE dans un communiqué. La direction de Bercy pointe par ailleurs la vive inquiétude exprimée par 49 % des répondants face à la concurrence déloyale de pays tiers, notamment asiatiques.

A ce stade, les entreprises et les fédérations professionnelles qui ont participé à cette consultation portent néanmoins un regard critique sur l'action communautaire. Les politiques européennes sont certes jugées « ambitieuses » mais celles-ci apparaissent éloignées des préoccupations.Des réponses émerge l'image d'une Europe source de « complexité » et de tracasseries administratives supplémentaires. D'où un système à deux vitesses avec, d'un côté, des grandes entreprises qui peuvent affecter une personne à ces questions et, de l'autre, des PME qui elles n'en ont pas les moyens.

Effet négatif sur la compétitivité

Sans surprise, la majorité des répondants appellent à un allègement et une simplification des normes et des procédures. « De nombreuses entreprises disent avoir du mal à anticiper l'impact concret des réglementations sur leur activité », constate la Direction générale des entreprises. Pis, certaines d'entre elles pointent un effet négatif sur leur compétitivité ou sur leurs exportations.L'instabilité des réglementations est, elle aussi, perçue comme un handicap, voire une menace pour l'activité et l'innovation en raison de l'insécurité juridique qu'elle génère.Pour la DGE, ces commentaires montrent que « les répondants aspirent à dépasser l'image administrative de l'Union européenne au profit d'une institution avant tout porteuse de valeurs et de vision de long terme ».

Alors que le gouvernement français prépare un projet de loi de « simplification », Bercy met également en évidence la nécessité de porter ce projet « à l'échelle européenne », rappelant que l'Hexagone et l'Allemagne oeuvrent dans ce sens depuis l'an dernier. Selon la Direction générale des entreprises, le principal défi sera néanmoins de « concilier pause réglementaire, appelée de leurs voeux par les entreprises et poursuite des différentes transitions stratégiques ».