La conjoncture sera moins porteuse que prévu cette année dans l'Hexagone. Bercy vient d'abaisser à 1 % sa prévision de croissance pour 2024. Les chefs d'entreprise français le ressentent naturellement. En février, le climat des affaires a ainsi perdu 1 point pour retomber à 98 selon les données publiées jeudi par l'Insee, qui a néanmoins revu à la hausse de 1 point l'indicateur en janvier.

Si tous les secteurs évoluent autour de leur moyenne historique de 100, le tableau est plus contrasté qu'il n'y paraît. Le regain d'optimisme, relatif, des industriels français tranche avec l'humeur morose des patrons des autres activités.

Rebond des carnets de commandes

Dans les services, le climat des affaires s'est replié ainsi de 1 point, à 99. La dégradation est encore plus marquée dans le commerce de détail où l'indicateur a chuté de 4 points en février. En cause, une activité moins bonne que prévu au cours des trois derniers mois et des perspectives plus faibles.

A contrario, l'indicateur du climat des affaires dans l'industrie a gagné 2 points pour renouer avec les 100. Alors que leurs homologues allemands font face à des difficultés avec la flambée des prix de l'énergie et le ralentissement de l'économie chinoise, 2024 se présente sous de meilleurs auspices que l'an dernier pour les industriels français : les carnets de commandes se regarnissent. « Le pire semble être passé », selon Charlotte de Montpellier économiste chez ING.

Des divergences sectorielles fortes apparaissent néanmoins : l'agroalimentaire reste déprimé, du fait du recul de la consommation des ménages. En revanche, les secteurs énergo-intensifs tels la chimie ou « la métallurgie et autres produits métalliques » qui ont été percutés par la crise énergétique s'attendent à des jours meilleurs. Et la confiance est au plus haut chez les dirigeants des « autres matériels de transport » - à savoir le secteur aéronautique.L'indice PMI, publié jeudi également par S&P, confirme cette amélioration, en s'inscrivant en hausse de 5 points en février, alors qu'il recule nettement en Allemagne. « Le secteur manufacturier est en train de se redresser progressivement », commente dans un communiqué Norman Liebke, économiste à la Hamburg Commercial Bank. « Reste à déterminer s'il s'agit là d'un rebond éphémère ou de l'amorce d'une tendance plus pérenne, d'autant que les perspectives d'activité à douze mois des fabricants français demeurent défavorables », souligne-t-il.

Conjoncture hésitante

Après deux trimestres de stagnation, l'activité économique en France reste encore amorphe. « Les enquêtes de février confirment le scénario d'une conjoncture hésitante qui ne donne pas de signe de redémarrage. Elles restent néanmoins compatibles avec notre scénario d'une croissance de 0,2 % au premier et au deuxième trimestre », estime Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l'Insee. Ce qui porterait l'acquis de croissance à mi-année à 0,5 % en France.

Au vu du pessimisme des distributeurs, Philippe Waechter, économiste chez Ostrum Asset Management, pointe néanmoins que la reprise ne viendra pas du consommateur, au moins à court terme, même si les salaires devraient désormais progresser davantage que l'inflation. En juin, celle-ci devrait tomber à 2,6 % sur un an. « Les indicateurs suggèrent que les prix vont continuer à augmenter dans les services », relève toutefois Dorian Roucher. Par ailleurs, les effets restrictifs de la politique monétaire vont continuer d'affecter certains secteurs de l'économie, l'immobilier et la construction notamment. Dans ce contexte contrasté, l'indicateur de l'emploi se redresse néanmoins de 2 points en février pour revenir à 101, porté par des prévisions favorables dans les services, hors intérim. Dans l'industrie manufacturière et dans le commerce de détail, les perspectives d'évolution des effectifs restent en revanche mal orientées.