Si l'on juge que la force d'une économie repose sur ses entreprises, nous avons alors la chance, en France, d'avoir des leaders internationaux. Grands donneurs d'ordre, ces groupes organisent et irriguent un écosystème de sous-traitants, d'organismes de recherche et d'écoles ancrés dans les territoires.

Et le pays se distingue des autres européens par le nombre de ses champions mondiaux, ses « grandes entreprises », qui représentent près de la moitié de ses exportations, plus de 3,5 millions d'emplois en France et plus de 100 milliards d'euros de revenus liés aux investissements directs à l'étranger.

La force d'un pays repose aussi sur la dynamique de ses entreprises moyennes.Ces entreprises de taille intermédiaire (ETI), spécialisées dans un domaine, sont évidemment moins connues, mais elles disposent d'un savoir-faire unique, recherché à l'échelle nationale, européenne, voire mondiale. Ce « Mittelstand », c'est ce qui constitue la résilience du modèle allemand, c'est ce qui explique la richesse et le rayonnement de l'Italie du Nord.

En France, le constat est connu, commenté, remâché et ne change désespérément pas, ou trop peu. Nos 3,8 millions de TPE sont trop petites, avec une vision romantique de « l'atelier », et les ETI trop peu nombreuses : il y en a deux fois moins en France qu'en Allemagne ! Elles ne constituent pas un tissu économique suffisamment dense, attractif et compétitif. La réindustrialisation, la création d'emplois et le dynamisme de nos territoires ne peuvent se réaliser sans les ETI. Ce sont nos marges de manoeuvre, nos marges d'amélioration par rapport à nos groupes internationaux superformants, optimisés et taillés pour la compétition. Or, ces entreprises ont des besoins d'investissement très importants pour face aux révolutions numériques, écologiques et démographiques, pour attirer et former de nouveaux talents, pour moderniser leur outil de production, pour se déployer à l'international. Beaucoup se trouvent aussi à un instant clé de leur histoire, la transmission, avec près d'un dirigeant fondateur d'ETI sur deux qui partira à la retraite dans les prochaines années. Elles n'en sont que plus vulnérables.

Il y a bien sûr des solutions fiscales et normatives pour renforcer et faire prospérer un « Mittelstand à la française » : les dispositifs « ETIncelles » ou « France 2030 » en sont les illustrations. Mais aucune entreprise ne peut se développer sans des fonds propres, sans des actionnaires qui prennent des risques et, lorsque c'est nécessaire, qui injectent des capitaux de façon à créer un « Mittelstand financier français » avec des acteurs français du capital-investissement.Ces derniers se sont considérablement développés avec l'essor du « private equity ». Ce sont aujourd'hui près de 400 sociétés qui gèrent plus de 450 milliards d'euros et dont le sérieux, les compétences et les performances ont attiré les investisseurs institutionnels et internationaux.

L'efficacité de ce levier est avérée. Les acteurs du capital-investissement français accompagnent près de 8.000 start-up, PME et ETI françaises. Selon une étude EY et France Invest, en 2022, 4.000 entreprises françaises soutenues par le capital-investissement ont connu une croissance de 14 % de leur chiffre d'affaires et ont créé plus de 100.000 emplois, une performance économique bien supérieure à celle de la France.Les fonds de private equity ont en effet de nombreux atouts qui répondent aux besoins des ETI. Outre des ressources financières très importantes (environ 2.500 milliards de dollars au niveau mondial). Ils apportent surtout une expertise actionnariale : la capacité à apprécier des risques, à en prendre, une connaissance des schémas de financement et un savoir-faire dans les stratégies de croissance externe grâce à des acquisitions. Souvent fondés ou conseillés par des passionnés d'entrepreneuriat, les fonds de capital-investissement représentent une solution durable pour qu'une entreprise prospère après le départ de son fondateur, pour qu'une ETI devienne un leader mondial, pour qu'une PME devienne une ETI.