Le commerce extérieur reste un des points noirs de l'économie française. Malgré un net redressement après le déficit commercial historique de 164 milliards d'euros enregistré en 2022, l'année 2023 sera un mauvais millésime. En novembre, sur douze mois, le déficit extérieur sur les échanges de biens s'est élevé à 110,3 milliards d'euros ont indiqué mardi les Douanes. Le gouvernement table sur un solde négatif de 105 milliards d'euros en 2023, puis de 95 milliards en 2024. A titre de comparaison, le déficit commercial de la France était inférieur à 60 milliards d'euros en 2019, avant la crise sanitaire.

Pour le deuxième mois consécutif, en novembre, la balance commerciale s'est néanmoins améliorée. Le déficit - moyen sur trois mois - a été ramené à 7,4 milliards d'euros, après 7,7 milliards en octobre. Dans le détail, les exportations ont augmenté de 200 millions, à 49,6 milliards d'euros, tandis que les importations se sont réduites de 100 millions à 57 milliards.

La facture énergétique se réduit

Comme depuis de longs mois, la chute des prix du pétrole et du gaz importés, après la flambée provoquée par la guerre en Ukraine en 2022, a contribué à alléger la facture énergétique de l'Hexagone. Mais elle accuse encore un déficit mensuel de 5 milliards d'euros. Si la France a pu vendre plus d'électricité à l'étranger grâce à une production de nouveau excédentaire, les exportations françaises d'énergie sont « restées stables en valeur » selon les Douanes, les prix sur les marchés ayant eux aussi reculé.

En novembre, le déficit hors énergie a lui aussi diminué. A 4,3 milliards d'euros, il demeure néanmoins nettement plus important qu'en 2019, où il était plus proche de 3 milliards par mois. « Le rattrapage dans le secteur aéronautique est lent et progressif. De ce fait, les ventes à l'étranger n'ont pas retrouvé leur niveau d'avant-crise et les excédents sont plus faibles. Par ailleurs, les déficits restent élevés dans des secteurs comme l'automobile, l'industrie alimentaire ou les biens intermédiaires », analyse Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas. « Si la réouverture de l'économie chinoise soutient les exportations tricolores dans les secteurs du luxe et l'aéronautique, le ralentissement économique dans la zone euro pèse sur les relations commerciales, en particulier avec l'Allemagne et l'Italie », explique l'expert.En 2023, malgré un environnement international peu favorable, le commerce extérieur est néanmoins venu à la rescousse de l'activité en contribuant à hauteur de 0,6 point à la croissance au PIB, selon les prévisions de Bercy. Ce, grâce à la hausse « solide » des exportations (+2,1 % attendus) et à la quasi-stagnation des importations.

Le gouvernement mise sur une nouvelle amélioration des performances à l'exportation pour soutenir la croissance cette année. Dans ses projections, les ventes de la France à l'étranger progresseraient de 3,5 % en 2024, soit un peu plus vite que le commerce mondial (+3,3 % selon l'OMC). La contribution du commerce extérieur au PIB serait ainsi légèrement positive de +0,1 point.

Entre le conflit au Proche-Orient et en Ukraine, et les troubles en mer Rouge, l'évolution du contexte géopolitique mondial sera néanmoins décisif et pourrait changer la donne.