Le président de la République a réalisé le grand écart mardi, entre une opération « place nette » très médiatisée à Marseille et une allocution vidéo diffusée devant 600 banquiers et financiers réunis au Pavillon Gabriel, à deux pas des Champs-Elysées, pour célébrer les 10 ans de l'introduction en Bourse d'Euronext. Emmanuel Macron a salué la « formidable réussite » de l'opérateur paneuropéen, qui regroupe désormais les Bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam, Lisbonne, Dublin, Oslo et Milan, et tracé plusieurs pistes de réformes pour renforcer les capacités de financement des entreprises par le marché.Il a mis en particulier l'accent sur les petites et moyennes entreprises, et celles de taille intermédiaire (PME et ETI), qui font encore très largement appel aux banques pour leurs besoins de financement. Un enjeu croissant alors que la transition écologique et numérique va nécessiter des investissements importants de la part des entreprises de toutes tailles. « Nous devons favoriser l'émergence d'un continuum de financement entre le non coté et le coté pour accompagner la croissance de nos entreprises, en particulier nos licornes, mais aussi nos PME et ETI industrielles », a-t-il insisté.

« Renforcer l'écosystème »

Alors que les PME sont à la peine en Bourse depuis 2018, Emmanuel Macron a annoncé le lancement par la Caisse des Dépôts, sur ses fonds propres, d'un programme de 500 millions d'euros pour investir dans des fonds de PME et ETI cotées, afin de structurer et de « renforcer l'écosystème ». En parallèle, pour flécher davantage d'épargne vers ces entreprises, le chef de l'Etat souhaite simplifier l'éligibilité des entreprises aux plans d'épargne actions PME.

Afin de favoriser l'effet « d'entraînement des investisseurs privés », la loi sur l'industrie verte sera mise à contribution pour orienter une partie des encours des plans épargne retraite (PER) et des assurances-vie non seulement vers le private equity, mais également, et dans une moindre mesure, vers les PME et ETI cotées.

« Toutes les avancées sont bonnes à prendre », a salué un professionnel du secteur dans la foulée de ces annonces. « On part de 0 sur les PME-ETI », remarque-t-il, tout en observant qu'il « faudrait 500 millions d'euros par an pour compenser les 8 milliards qui ont quitté les fonds investissant dans les PME ces dernières années ».

Faciliter les augmentations de capital

D'autres mesures de simplification administrative, notamment pour faciliter les introductions en Bourse, s'ajouteront à ce dispositif. « Nous devons accélérer les efforts engagés depuis 2017 pour renforcer l'attractivité financière de la France au service du financement de notre économie. Ce sera la priorité de nos prochains mois au niveau national », a insisté Emmanuel Macron, qui a apporté son soutien à une proposition de loi présentée début mars par le député Renaissance Alexandre Holroyd.Parmi les mesures citées par le président, la possibilité d'introductions en Bourse avec des actions à droits de vote multiples, « une avancée très attendue, en particulier, par nos start-up », a-t-il expliqué. Il veut également faciliter les augmentations de capital. Enfin, la proposition vise à rendre le licenciement des banquiers et des traders plus aisé et moins coûteux, une demande adressée par plusieurs grandes banques étrangères à Bercy.Emmanuel Macron a par ailleurs défendu la création d'un produit d'épargne européen, récemment proposée par Bercy, et la mise en place d'une supervision unique, au niveau européen, pour les infrastructures de marché. Un chantier qui devra attendre la prochaine Commission européenne et la relance du projet d'Union des marchés de capitaux. « C'est un sujet sur lequel je souhaite en particulier qu'avec l'Allemagne, nous fassions des propositions audacieuses dans les toutes prochaines semaines », a-t-il insisté, alors que Berlin a jusqu'à présent fait obstacle à ce que le régulateur européen assume un rôle plus important face aux autorités nationales.