Dans les milieux culturels, l'IA générative est perçue par certains comme une menace. L'irruption de cette technologie a même été l'un des motifs de la grève historique des scénaristes à Hollywood en 2023 ! Mais pour Sixte de Vauplane, c'est au contraire une chance. « Cela va permettre de sublimer le génie créatif des artistes », glisse l'ancien patron de la foodtech Nestor. Il fait le pari que l'IA automatisera les tâches fastidieuses et répétitives, ce qui permettra aux professionnels de se concentrer sur le travail à haute valeur ajoutée (création des personnages et des univers, écriture du scénario, etc.).
Enjeu économique
Au-delà des considérations artistiques, l'enjeu est économique. « Une minute d'un dessin animé de Pixar coûte environ 1,5 million de dollars », remet en perspective Sixte de Vauplane. Le moindre échec commercial peut ainsi déboucher sur une catastrophe industrielle. Le patron est convaincu de pouvoir réduire les coûts de production. Pour débuter, Animaj a choisi de racheter des franchises iconiques (comme Pocoyo) qu'elle développe grâce à l'IA, puis diffuse sur divers canaux de distribution (réseaux sociaux, plateformes de SVOD, etc.). Mais dans le futur, la start-up parisienne espère créer des oeuvres de A à Z.Animaj, qui a levé une centaine de millions d'euros (dette comprise) depuis sa création en 2022, compte Resonance parmi ses investisseurs. Un fonds qui a aussi participé au tour de table de 2 millions d'euros de Flagcat, un studio de création qui développe un moteur de webtoon (BD numériques). L'industrie du webtoon produit beaucoup de contenus, ce qui provoque souvent des burn-out chez les artistes. « L'enjeu, c'est de les aider, pas de les remplacer », insiste le fondateur, qui est lui-même le scénariste de la première mini-série de Flagcat qui sortirale 29 décembre (« You Shall Be King »). L'IA placera-t-elle la France sur la carte sur ce marché dominé jusqu'à présent par les Asiatiques ? « Nous allons assister à un bouleversement dans la production. Tous les studios vont devoir s'équiper », anticipe Jeff Biart, qui dit vouloir construire un champion européen.
A peine lancé, Flagcat voit arriver sur ses talons un concurrent : Artale. Cette jeune pousse a été fondée en 2023 par Maylis de la Loge, une ancienne de Bpifrance qui s'est associée à Antoine Delplace, un expert de l'IA générative. La start-up a développé deux algorithmes : le premier est axé sur la génération de visuels et est capable de recréer le style d'un artiste à partir d'illustrations, de personnages et de décors. Le second, centré sur la narration, utilise ces éléments visuels et un arc narratif donné pour construire en accéléré des scripts d'épisodes. « Notre logiciel de final cut permet par la suite aux artistes de modifier finement les dialogues et les visuels, offrant un contrôle complet sur la narration finale », précise la patronne, qui espère lever des fonds en 2024 pour développer le projet.